Wydawnictwo Astra. Łódź 2009
Ilustracje Wojciech Górka. Redaktor Justyna Lewańska
Posłowie Ryszard Waksmund, Uniwersytet Wrocławski
Przekład na j. angielski Marcin Pawlik
Wybrane wiersze
Signposts
I see them on every road.
Even those which lead to a funfair.
But none of them has shown me the quickest way to…
A CHILD’S HEART. Then a pattern stands before my eyes,
made with a Pegasus’ hooves. Blue as an ink
just spilled from an ink-bottle.
I grabbed my pen
and started to rhyme…
Maybe I could make
this pattern a little longer?
Your words
Your words, my grandchildren, are Pegasus’ foals.
Their wings are so airy.
So many flashing sparks under their hooves.
In the bow of real music’s tail,
they are perfect for plaiting poems, like a mane is,
for plaiting plaits.
Une tisserande
Aussi vieille et fragile,
que son métier à tisser.
Avec ses quatre-vingts printemps.
Son dos est déjà courbé.
Ses yeux sont affaiblis
comme la lueur de vieilles bougies.
Ses mains sont abimées à force de travail.
Et pourtant, chaque matin, elle crée un arc-en-ciel de petits fils de couleurs et parsème sur la toile
de jolies fleurs des champs...
Et moi, je voudrais tant
ne serait ce qu’ un court instant qu’elle m’apprenne
à broder avec les mots…
À faire les dessins les plus simples.
avec des couleurs chaudes et inaltérables. Ainsi, les dentelles, faites grâce à cet apprentissage
ne disparaîtront pas en mains comme une vieille toile d’araignée, quand mes petits-enfants les auront tirées d’un vieux coffret du grenier.
Quand j’écris des poèmes...
Quand j’écris des poèmes pour vous – les petits –
je sens que mes doigts,
même l’annulaire,
se transforme en stylo bille.
Ou bien même en stylo plume.
Et même si j’étais capable d’une telle inspiration, même si j’estampais les polices d’ordinateur en rimes,
je resterais quand-même dans l’ombre du poète Jean de Tcharnolas…
1/
Même s’il n’avait qu’une plume d’oie dans la main.
1/ Jan Kochanowski, nommé Jean de Tcharnolas: célèbre poète po-lonais (1530-1584)
Grand-Mère
Grand-mère a les cheveux si blancs,
comme s’ils étaient recouverts de pétales
de tous les pétales de ses étés et ses hivers
Comme si tous ses automnes avaient
laissé des toiles d’araignée…
La tête de grand-mère
est un blanc chrysanthème.
Une lune en incandescence.
Et il n’y a pas si longtemps,
elle restait derrière la haie du
jardin sur ses jambes frêles
agitant les paumes de ses
mains comme des feuilles.
Tu aurais à peine pu distinguer
sa tête d’une fleur de tournesol.
De l’auréole, du soleil.
Je vole vers vous mes petits-enfants
Je vole vers vous comme Pégase.
Je galope sur les chemins de pierres
Des gouttes de sueur me coulant sur le
front et les cheveux au vent.
Allez! Va! Mon aubère ailé,
car tu n’as trop envie de courir.
Et moi, je dois
dans les sillons de mes petits-enfants
semer des graines de mots à temps.
Pour qu’il ne soit pas pourri,
pour qu’il ne pousse pas en vain.
Cet épi d’or, mélangé avec des grainsdes fleurs à
l’automne.
L’enclos de grand-mère
À L’enclos de grand-mère
il y a toutes les couleurs d’arcenciel.
Il y a un bruit agréable à l’enclos de grand-mère.
Et grand-mère créera de ces fils d’arc en
ciel et des notes de musique – des vers comme de la vannerie.
Ils seront – comme elle dit – des vers simples,
mais avec tout son cœur pour nous.
Le coeur aussi fragile qu’un oeuf d’un oiseau,
parce que aucun enfant ne veut le coeur dur.
L’été chez grand-mère
L’été chez grand-mère.
Ça sent des champs et des prairies.
Il y a sur la table des gobelets pleins de lait
et une grande miche de pain jaune comme le soleil.
Derrière la table – grand-père – aussi vieux qu’un moulin à vent.
Avec les moustaches en fibres de chanvre.
Et toi, grand-mère – ressemblant
à maman-poule entourée de tes petits-enfants.
Une petite haie de mains
Les mains de grand-mère sont endurcies par le travail,
aussi dures que la haie de la maison.
Notre haie.
On peut voir sur ses doigts:
les pichets en argile,
les chemises de grand-père toutes
blanchies les bouquets d’herbes sèches
pour guérir, ainsi que quelques poules de
ferme et une oie avec une patte cassée.
Les vieux – dit-elle – n’ont pas de grands besoins,
et de tout ce qu’ils ont
ils le partagent.
On trouvera des miettes pour les oiseaux
et un os pour le chien errant, aussi bien
pour les siens
que pour les invités.
Le portillon de la haie de grand-mère
reste toujours ouvert.
À mon petit-fils
Ne referme pas tes mains,
Ne les enroule pas, mon petit-fils.
Ouvre-les largement pour les gens,
parce que donner est un grand art.
Crois-moi, s’il te plaît, sur parole,
et tout ce que tu y mettras,
se transformera en hymne de joie
sur les cinq lignes de notes de tes doigts.
Mon petit…
Mon petit violon joyeux,
avec les cordes d’or comme les cheveux...
Fais les vibrer pour moi.
Qu’elles résonnent dans ces vers,
car sans ta voix,
ils seront silencieux.
Choisis les sons de ton âme
avec les doigts de la main gauche.
Et que la droite te serve d’archer.
Et moi sous cette musique,
je vais tresser des guirlandes
de mots avec un myosotis
du luthiste qui t’a bâti mon violon.
Le tilleul
Ce tilleul chantait pour nous comme
une nourrice sur un berceau.
Le parasol de son feuillage nous protégeait du soleil.
Peut-être toi, mon petit-fils,
sous son ombre,
tu feras un jour,
d’ aussi jolis poèmes,
que ceux de Jean de Tcharnolas.
Ce tilleul semait des fleurs
sur ton petit coussin brodé,
avant que le temps
ne ronge ce petit berceau de tilleul.
Peut-être toi, ma petite-fille,
tu joueras tendrement,
du violon sous ce tilleul
comme jouait Janko Muzykant?*
* Janko Muzykant (Jean le Musicien) – récit de Henryk Sienkie-wicz, écrivain polonais (1846 – 1916), prix Nobel en 1905.
Holding hands with grandma
Give me your hands
my green leaves
let’s go for a walk behind the walls.
Far
far away
farther than my childhood’s hill.
There, I will give you
my landscapes
and those past times in a garland of daisies.
I will keep their beauty in front of your eyes,
so that you could fence it with your hands’ hedge.
What more beautiful
and more valuable
could I offer to you – my heirs – if not these colourful spots,
gilded frames,
which painted themselves into my heart?
The field
This field – my grandchildren – this piece of fertile soil,
is where I was born.
It’s my whole life.
With your grandpa, we were its’ sowing seed in the spring.
Robust ears in the summer: me – a wheat with a long plait,
grandpa – a barley with a moustache.
Today we are stale loaves of bread.
With old crust, sprinkled with flour.
Loaves of bread hard on the heels,
the time cuts off slice after slice..
Windmill
Painted into grandparents’ field: into crops, into a row of poplars. Listening to a lark’s singing.
Looking at a loaf of sun.
Landlord on his land.
Carried sacks on his shoulder.
Golden seeds he floured.
Fairly shared the slices.
Although his time is up,
he flew with the wind over the plain,
despite his worm-eaten wings…
He still rattles in grandma’s poems.
The holy statuette
Your grandpa made it of wood – my grandchildren.
In his early years.
Although he was better
at ploughing than making things.
He made it of a piece
of poplar which was struck by a lightning.
Grandpa – as he says - was miraculously saved under this poplar.
That’s why this holy statuette looks so worried
there are lightnings in its eyes.
Wooden raindrops, like tears on its face…
It’s been standing here
for fifty years like a lightning rod amongst the paths.
Everyone feels safe by it.
No one is afraid of storm.
Fear
When there is no bread left in June,
when animals lose weight,
our grandma blames
a scarecrow for that.
For he made friends
with every bird on the field.
He is each sparrow’s good uncle.
Birds will eat all the seeds.
Chaff is what remains for us.
Much less to harvest
than was sowed.
And those ungrateful birds,
when they are happy,
they will smudge his hat,
just to spite him.
The dance
Wind is dancing with a poplar to a folk music.
To the left, to the right
He spins her like she was a young girl.
Such he likes her,
the young dancer,
that he loses shoes.
She is spinning with her dress.
Sawdust’s falling –
look, grandchildren.
Red leaves falling from her head
like hair from a wig.
When the dancer turns her head,
they will be both in a minute lying in a ditch.
Camomile
Look
how blithely
camomile is blinking in the sun.
Here, amongst nettles,
it is safe.
For no one, not even that putting on
airs and graces butterfly
would dare to sit on it here.
You too – my flowers – won’t take it.
Neither for a garland.
Nor for a bouquet.
Grandma, too, won’t take it for a medicine.
Here, amongst nettles,
it grew and amongst nettles it will wither.
The garland
– Sit, grandma, here on the ground,
or in the shadow of a pear tree.
Fabian will bring me some daisies,
I will make you a garland.
I will be plaiting it meticulously,
as you are plaiting words into poems.
Maybe I will even manage
to put two flowers into a rhyme?
– I will be so happy – my granddaughter –
when you put it on my head.
Other poets will envy me in garlands of bay leaves.
Faces
– How many my own faces
have I seen in this river’s mirror…
Each time a different face.
I will liken them to flowers:
in spring, it was a delicate daisy,
a fiery rose in summer, and now, in autumn,
a chrysanthemum with faded crown…
– And in winter, grandma?
Surely a forget-me-not,
dried out in your hearts.
Granddaughter, my spring…
Granddaughter, my spring,
what season of the year will come after my winter?
Will it have a green dress and a long willow plait?
For I can’t find it in the calendar.
I’ve become weak-sighted.
Grandson, my morning, what time of day will come after my night?
Will it have a lark’s voice and blue eyes?
For I can’t see it on the clock.
I’ve broken my glasses.
Will both those “times” have a child’s smile on their faces?
Will there be blooming meadows for the gap-toothed