Sur le chemin de l'encre 

Wydawnictwo Biblioteka Temat, 
Ilustracje Joanna Hrk, 
Redaktor Dariusz Tomasz Lebioda, 
Bydgoszcz 2011 

Wybrane wiersze

À la muse

Je ne te demande pas, MUSE 
le don de l’inspiration, 
ni la faveur de critique, 
ni la feuille de laurier 

mais je m’incline devant toi 

en demandant une seule chose - 
que tu attrapes la tresse de ma PAROLE 
au moment ou elle commencera a… 
s’engouffrer dans l’OUBLI, 
avec en main une pierre 
             dechiree du roc de Calliope. 
Vers les poèmes

Quand l’aurore deviendra rose 
et les oiseaux chanteront 
je me rendrai… vers le poeme… 
                     par le CHEMIN DE L’ENCRE. 

Chemin faisant je cueillerai des fleurs de mots 
ayant des tiges d’emotions. 
Celles aux fleurs satinees 
et celles privees de velours. 

Et puis, assise au fosse, 
avec toutes ces fleurs, 
j’en ferai une couronne de poeme... 

En liant l’arc-en -ciel dechire.  
Le lever de soleil

Le ciel commence a s'illuminer. 
La nuit arrive a sa fin. 
A travers le bandage de la brume 
coule doucement la tache rouge ... 
                               du SOLEIL. 

-Et le jour se battait contre qui?

- Contre l’obscurite, 
dans le tourbillon d’etoiles. 
La nuit lui coupa la joue 
avec le sabre de la lune.  
La primevère

L’hiver chauffe l’oeuf de la Terre. 
Soigneusement 
comme une couveuse. 

- Qu’est-ce qui se trouve dedans ? 
- Quel secret y est cache, 
 quel specimen ? 
- Je ne sais pas ! 
- Attendons le printemps! 

Toc - toc - toc … 

- Qui est la ? 
- C’est moi ! 

De la croute terrestre crevassee 
son cou de cygne montra... 

                                    la primevere.  
Les chants d’oiseaux

Tireli - tireli … 
Ce le s-o-l-i-s-t-e - alouette 
reveille au petit matin 
les champs endormis. 

Et une minute plus tard 
avec le merle 
ils chantent en d-u-o. 

Et avec l’etourneau en t-r-i-o. 

Avec d’autres voix d’oiseaux 
le c-h-o-e-u-r se fera entendre 
a la g-a-m-m-e etendue 

de la terre jusqu’aux nuages. 
Les cigognes

- Qu’est-ce qu’il est arrive a la cigogne? - 
demandent les gens sans arret... 
- Pourquoi n’est -elle pas encore retournee 
du pays de soleil? 

Le mari de la cigogne a perdu le moral. 
Il reste sur une patte dans son nid 
sans bouger. 
Avec une note de claquet dans le bec. 

Serait-il possible qu’il reste tout seul? 

Donc avant le depart, je me souviens, 
ils se serraient l’un contre l’autre. 
Il aurait bien voulu lui tirer une grenouille de sa gorge. 
Et elle… elle etait au septieme ciel. 
La valise

Laissee sur l’armoire 
se repose et regarde mes sabots 
la valise. 
Bientot je vais la descendre 
pour partir en voyage… 

             PAR LE CHEMIN DE L’ENCRE. 

Car je ferai toute seule mon dernier voyage. 
Car on part solitaire pour l'autre monde. 
Avec en bouche une seule OBOLE 
pour payer le passage a CHARON 

quand je serai sur sa barque. 
Le Poteau indicateur

Il montre le chemin du coeur au coeur 
sur les chemins du monde 
ainsi que de l’Europe. 
Mais la, ou l’on montre le chiffre de kilometre 
Il n’y a qu’un... point de suspension. 

Il arrive parfois sur ces routes, 
que bien qu’on soit pres des autres 
on attire pas leurs coeurs 
qui s’eloignent, s’eloignent… 

Mais ces coeurs pourraient bien s’approcher 
meme restant sur deux bouts de la Terre, 
si seulement l’homme donnait sa main 
a un autre homme 
en tant qu’ a son ami, 
qu’ a son frere.  
A la gare routière

- Je revais cette nuit de mon fils. 
Le bien-aime. 
Il appelait les secours... 

J’ai mis une compresse sur mon coeur 
qui n’est pas une pierre. 
J’ai cire mes souliers. 
J’ai pris ce qui etait sous la main… 

Et je suis arrivee a cette gare. 

- Pourriez-vous m’aider a le rechercher? 
car je n’ai pas son adresse - 

s’adressa a moi la mere … d’un fugitif 
des que je fus entree a la gare routiere. 

Et elle ajouta encore: 

- Si non, je vais attendre sur ces marches 
jusqu’a ce qu’il vienne ici... 
Le chien bousculè

Le coup de freins se fit entendre, 
les crissements des pneus et le cri d’un enfant. 
L’odeur de la gomme se fit sentir. 
Quelqu’un laissa son sac par terre... 

- Y a un chien qui courre dans la rue ! 
- Son maitre est surement en vacances! 
- Il a brule un feu rouge ! 
- Il devait prendre le passage cloute. 

Et devant cette auto collee au bitume - 
se trouvait sur l’asphalte le chien bouscule. 
Ses yeux brillaient comme les phares. 
Son dos herisse devint chaume. 

- Bouge-toi! Le barrage! 
- Fais le support de ta queue! 

Un voyeur y jeta un trognon de pomme. 
Les klaxons le pressaient… 

Apres quoi accourut un enfant 
avec une laisse coupee dans la main... 
Et l’horreur dans les yeuxet 

se mit a genoux devant le chien bouscule. 
Feu et signalization routière 

Il y a trois feux dans les yeux 
de chaque chauffeur et de pieton. 

Tout le monde marche vite 
tout le monde est presse... 

Personne n’est pour eux 
le quatrieme feu dans la rue. 
Par consequent … 
il s’allume parfois sous la forme... d’un feu sacre. 
Le pigeonde la paix

Le pigeon de la paix - 
un dessein de PICASSO. 

Son dessein et beaute 
sont fermes en contour de crayon 
sur une feuille de papier. 

Et bien qu’il n’aie pas d’ailes 
deployes pour le vol, 
qui auraient pu l’emporter en l’air sans frontieres, 
il a contourne la Terre et le ciel 
en portant dans le bec... 
le MESSAGE de l’artiste. 
Les mauves

Elles regardent par-dessus la palissade 
tout comme de curieuses paysannes 
dont le regard surveille 
chaque pas d’un passant, 

et dont les feuilles couvrent 
des planches pourries de la palissade. 

Et derriere leurs dos, bien entendu, 
se cachent des tableaux des cases abimees, et le regard des passants 
                                  se concentre sur elles. 
Pour ne voir plus que leurs visages colores. 

Chaque passant qui vois ces fleurs 
penchees par-dessus la palissade, 
pense certainement : 
- Le paysage aurait pu perdre tant de couleurs 
sans ces mauves, 
sans ces paysannes belles par leur simplicite. 
Une source

Quand apres des annees 
le fils rentra de loin 
pour embrasser les vestiges de son pere, 

une source d'eau jaillit a ses pieds 
et mouilla ses levres du cristal de ses eaux. 

 Apres quoi 
sous le rocher de profond 
retentirent les mots: 
- Je t’ai mouille la langue 
du jet de ma salive, 
mon fils - POLONAIS - 
car elle devint coriace dans ta bouche 
comme le baton de pin, 

pour que la scierie du monde 
ne te la decoupe pas.  
Les boutons d’or

Il y a tant de soleil dans ces fleurs d’or. 
Tant de beau temps… 
Dommage, 
que bientot il ne restera de leur beaute 
plus qu’un brin de feuille. 
Mais ne pense pas que la beaute s’ecoule, 
que le temps ne la protege pas... 
Car bien plus vite que tu aies le temps 
de se tourner autour en comptant les jours sur les bords de la meme riviere - 
ce brin de feuille se fera encore dore.  
La rencontre sur le chemin

J’ai croise une fille 
que j’ai connue de vue. 
Sans le mot „bonjour” 
Sans le mot ≪ au revoir ≫. 
Quand je me suis retournee, 
ravie de sa longue tresse, 
elle me regardait aussi… 

Ainsi, nos yeux se sont donc rencontres. 

- Ou etais-tu jusqu’a ce temps, maman? 
- Je te reconnais a ta voix, ma fille. 
- Tu n’etais qu’une tache dans mes yeux. 
- Ou j’etais jusqu’a ce temps? 

tu m’a demandee tout a l’heure. 

Moi, je regardais des nuages bleus 
Et toi… la terre, 
comme atteintes de maladie orpheline. 
Ce pour cela que nos yeux 
ne se sont pas rencontres 

bien que nous fussions, 
tout pres l’une de l’autre 
Le prophète

Poete Camille n’ecrivait pas de poemes. 
Il pleurait des larmes de l’encre 
La perte de notre patrie. 

Il recitait les poemes comme une priere 

Devant le tableau poetique - 
Il pesait en sa PAROLE 
les fautes des ses compatriotes. 
Il reveillait du son de clocher 
leurs conscience endormie. 
Il se posait sur leurs plaies 
telle camomille officinale. 
Mettait le feu sacre des coeurs 
sur le tombeau de la Mere Patrie 

Et en ce temps-la, 
quand dans l’hospice pour les fous 

le pretre faisait signe de croix 
sur la loque de sa vie, 

tres peu de gens etaient conscients 
qu’allait s’eteindre une de nos etoiles 
qui s'etincelait sous le ciel de Paris. 
La rose d’automne

- Qui souffle dans le feu de tes petales: 
est-ce bien le createur des fleurs, 
ou c'est plutot la terre notre mere, 

ou bien le noeud de tes racines 
te verse doucement des gouttes de sang 
de la veine de l'eternite, 

que le visage gris de l'automne 
rougit toujours comme une jeune fille?  
A la fin du chemin de l’encre

Arrete-toi, mon aubere aile ! 
Notre temps n’attend plus le printemps. 
Que la terre reste sans nous. 

Qu’elle se couvre de nouvelle verdure. 
Quand l’automne s’envolera sur une feuille. 
Quand la neige blanchira nos visages... 
Qu’un poete debutant 

lui offre son regard. 



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Na stronie wykorzystano ilustracje Joanny Hrk z tomów wierszy 
Karoliny Kusek pt.: "Objęłam spojrzeniem świat dziecka" i "Dzieci Marsa"